Eldorado : Jeudi 19 - 18 h
Estran : Lundi 23 - 21 h
Eldorado : Mardi 24 - 21 h

La vie d’Olfa, Tunisienne et mèvre de 4 filles, oscille entre ombre et lumière. Un jour, ses deux aînées disparaissent. Pour combler leur absence, la réalisatrice Kaouther Ben Hania convoque des actrices professionnelles et met en place un dispositif de cinéma hors du commun afin de lever le voile sur l’histoire d’Olfa et ses filles. Un voyage intime fait d’espoir, de rébellion, de violence, de transmission et de sororité qui va questionner le fondement même de nos sociétés.

Le film a obtenu ex-aequo le prix de l’Œil d’Or au festival de Cannes 2023.

Vous pensiez en faire une fiction ?
« Je suis passée par différentes étapes. Dans un premier temps, je me suis d’abord dit que j’allais filmer Olfa avec les deux filles qui lui restent pour exprimer l’absence des deux autres. J’ai commencé à les filmer en 2016 puis encore en 2017. Mais quelque chose ne marchait pas. Comment raviver les souvenirs sans les embellir, les transformer, sans se donner le beau rôle, sans édulcorer la vérité ? Comment réussir à convoquer ce qui a eu lieu et qui n’est plus là ? Comment affronter la vérité de son propre passé des années après ? Mais le plus problématique selon moi, c’est la façon dont Olfa jouait un rôle. À partir du moment où j’avais allumé ma caméra, elle s’est mise à jouer un rôle. J’ai dû arrêter le tournage, car j’ai fini par comprendre que j’allais tomber dans le piège qu’elle me tendait.
Olfa avait été formatée par les journalistes. Elle jouait – avec un grand talent de tragédienne – le rôle de la mère éplorée, hystérique, accablée de culpabilité. La plupart de ces reportages n’autorise pas à explorer les différentes dimensions d’un individu… Or, creuser les contradictions, les sensations, les émotions demande un temps que les journalistes n’ont pas. C’est le rôle du cinéma d’aller explorer ces zones-là, ces ambiguïtés de l’âme humaine. »

Extrait du dossier de presse : question à Kaouther Ben Hania