Youssef Chahine

Visions d’Afrique a choisi de rendre (enfin !) hommage à celui qui est le plus souvent considéré comme le meilleur cinéaste africain.

Né le 25 janvier 1926 à Alexandrie dans une famille chrétienne d’origine libanaise par son père, avocat, Youssef Chahine part à 21 ans étudier le cinéma à Los Angeles. À son retour, trois ans plus tard, il réalise son premier film, Papa Amin.

Il est invité pour la première fois au Festival de Cannes en 1951, pour son film Le fils du Nil. En 1954, il lance la carrière d’acteur d’Omar Sharif dans son film Le Démon du désert. Mais le film qui marqua sa carrière fut Gare centrale, en 1958, chef-d’œuvre qui lui permit d’être reconnu comme l’un des plus grands cinéastes du XXe siècle. Chahine est crédité de la réalisation de 5 films mettant en vedette Salah Zulfikar dans des films importants dont Saladin (1963), Un jour, le Nil (1968) et Ces gens du Nil.

Fréquemment confronté à la censure, Youssef Chahine ne cesse néanmoins de dénoncer la bêtise et l’intégrisme, tout en multipliant les choix stylistiques, du mélodrame chanté (C’est toi mon amour) à la reconstitution historique (Adieu Bonaparte), de l’évocation autobiographique (Alexandrie pourquoi ?) au ballet (Le Destin).

À sa mort, en juillet 2008, il aura réalisé 37 films longs métrages, 4 courts métrages, aura joué dans 5 films et adapté au théâtre le Caligula d’Albert Camus.

« Gare centrale, L’Émigré, Le Destin, né à Alexandrie, Youssef Chahine a signé une œuvre généreuse, courageuse, combative, inventive, sans cesse inspirée par sa vie de cinéaste et de citoyen, nourrie du souvenir des films hollywoodiens de son enfance, en particulier les comédies musicales, ne reculant ni devant une reconstitution historique (Saladin, Adieu Bonaparte) ni devant l’évocation autobiographique (Alexandrie pourquoi ?, La Mémoire, Alexandrie encore et toujours).

Pour tous les amoureux de cinéma, Youssef Chahine est une figure incontournable, un nom indélébile, une voix qui s’élève et qu’on associe presque inconsciemment à l’Orient, au monde arabe. Il incarne un cinéma engagé, qui mêle divertissement et combat et qui porte les nuances d’un caractère complexe, souvent mal compris, parfois mal-aimé.

Chahine dénonce l’impérialisme tout en aimant l’Occident, s’attaque à l’islamisme tout en défendant le monde musulman. Chahine est tout cela à la fois car il est, avant tout autre chose, un esprit libre. » (Amal Guermazi)

Moufida Tlatli

Moufida Tatli est née à Sidi Bousaïd, dans la région de Carthage, en 1946. Issue d’une famille traditionaliste, elle découvre le cinéma grâce à son professeur de philosophie. Après des études de montage en France, à l’IDHEC (ancêtre de la Fémis) dont elle sort diplômée en 1968, elle travaille à la télévision française puis rentre en Tunisie et travaille au montage de très nombreux films dont Omar Gatlato de Merzak Allouache, Les Baliseurs du désert de Nacer Khémir, Le Cantique des pierres de Michel Khleifi et Halfaouine, l’enfant des terrasses de Férid Boughedir. Elle est ainsi pendant plusieurs années au cœur de la production cinématographique tunisienne.

En 1993, elle réalise son premier long-métrage coécrit avec Nouri Bouzid (l’un des chefs de file du cinéma tunisien) « Les Silences du palais », qui est unanimement salué et rencontre un grand succès dans les salles. Il remporte de nombreux prix, notamment le Tanit d’or aux Journées cinématographiques de Carthage en 1994, la Tulipe d’or au Festival international du film d’Istanbul, le Prix du meilleur long métrage lors du 5e Festival du cinéma africain de Milan. Sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes , il reçoit une mention spéciale du jury de la Caméra d’or .

Son second long métrage La Saison des hommes sort en 2000 et est présenté en sélection officielle dans la section Un Certain Regard au festival de Cannes. Il reçoit le Grand Prix IMA à la 5e Biennale des cinémas arabes à Paris.

En 2001, Moufida Tatli fait partie du jury du Festival de Cannes.

Son dernier long métrage, « Nadia et Sarra », est réalisé en 2004 pour la chaîne de télévision ARTE.

Moufida Tatli est décédée en février 2021

Filmographie

1994 – Les Silences du palais
2000 – La Saison des hommes
2004 – Nadia et Sarra