Acteur et réalisateur dakarois, Mamadou Ottis Bâ apprend à Paris l’art dramatique puis le cinéma à la FEMIS. 2011, premier court-métrage, Une histoire vraie, suivi de Le rêve d’Amadou, (short film corner Cannes 2013).
Dent pour dent est présenté en compétition au Fespaco 2023. Nourri des films de Sembène Ousmane – Xala ou Le Mandat – Ottis traite sa société dans son ensemble : « Relation hommes-femmes, situation économique, enfants de la rue, émigration, éducation, des sujets qui forment une image avec des millions de pixels (..) celle que l’on voit. »
Auteur-compositeur et interprète rare et méticuleux, Wasis Diop partage son temps de création entre musiques pour le cinéma, chansons « ourlées », et comédies musicales, (l’Opéra du Sahel 2007). Wasis Diop a une importance toute particulière sur la scène musicale cinématographique. Pionnier de la world music dans les années 70, il fait partie des artistes africains les plus admirés en Afrique et dans le monde. Il a voyagé sans se préoccuper des « frontières » à travers les univers musicaux du Japon, de Jamaïque ou de Tunisie. Il a écrit d’extraordinaires musiques de films pour la plupart des grands cinéastes contemporains, de Djibril Diop à Idrissa Ouedraogo, Moussa Sène Absa, Moussa Touré, ou Mahamat Saleh Haroun. Il a d’ailleurs reçu le prix de la meilleure musique de long métrage pour l’ensemble de sa contribution au cinéma africain, en 2011, au Fespaco. Wasis Diop a composé les musiques de Hyènes (dont il a assuré la direction artistique) et de la Petite Vendeuse de soleil, dont il a terminé le montage. Il est également réalisateur et on lui doit un portrait très sensible de Joe Ouakam plasticien et acteur, qui tient un des rôles principaux de Hyènes (le professeur).
À propos
« Avec Djibril, mon frère, quand il nous a fallu nous projeter dans le monde avec toute l’émotion de nos cœurs qui battaient d’une manière déraisonnable, Djibril a longtemps hésité. Il voulait faire de la musique. Il avait même un nom de chanteur – que j’ai oublié ! Et moi j’aimais beaucoup la photo et puis les choses se sont inversées brutalement, il m’a transmis tout le goût qu’il avait de la musique. Et voilà ! C’est lui qui est devenu cinéaste et moi je fais de la musique ! Mais en réalité quand Djibril tournait, j’étais tout le temps avec lui, et très actif sur ses plateaux ; j’ai même joué dans ses films. Ça lui donnait toute la latitude de s’absenter quand il en éprouvait le besoin, d’aller en méditation et de revenir parce que c’est comme ça qu’il travaillait. Quand il écrivait, Djibril aimait beaucoup raconter ses séquences dans les bars. Et le fait de les raconter l’amenait à aller beaucoup plus loin, parce qu’il avait tellement joué les scènes que, sur le plateau, il les changeait complètement. C’était sa façon de se renouveler. Il continuait à écrire sans arrêt en fait.
Quant à moi, je suis vraiment devenu musicien à Paris avec le West African Cosmos, le groupe monté par Umban U Kset au début des années 70. Nous avions un élan, une énergie, un enthousiasme incroyables… et nous étions libres car nous avions quitté nos territoires d’origine pour nous retrouver à Paris. En Afrique, on appartient quand même, à des sociétés castées où seuls les griots étaient autorisés à faire de la musique ! Nous avons commencé à composer pour le cinéma avec la bande originale du film de William Klein sur le combat du siècle, celui de Mohamed Ali au Zaïre, Mohamed Ali the greatest en 1974. Puis j’ai quitté le West African Cosmos qui était un peu mon école, ma bande… Plus tard, Hyènes a été le premier film qui m’ait ouvert la voie du cinéma en 1992. J’ai une vision cinématographique de la musique. Quand je fais de la musique, je raconte une histoire, je vois des images. J’ai beaucoup travaillé avec mon frère ; on a passé des heures à essayer de faire des plans, à réfléchir sur la composition d’un plan. Et c’est quelque chose qui me poursuit jusqu’à aujourd’hui. Même quand j’écris une simple chanson, je suis encore dans le cinéma. »
Propos recueillis par Catherine Ruelle 2020
Autour de l’œuvre de Djibril Diop Mambety : Djibril Diop Mambety ou le voyage de la Hyène
(préface Martin Scorsese. éd. L’Harmattan, 2020, œuvre collective sous la direction de Simona Cella et Cinzia Quadrati).
Saul Williams né le 29 février 1972 à Newburgh, État de New York, est un poète, musicien, slameur et acteur américain connu pour mêler poésie et hip-hop alternatif.
Il a fait ses débuts d’acteur dans le film Slam de Marc Levin (Caméra d’Or 1998 à Cannes), qu’il a coécrit et dans lequel il joue. Film qui a été un véritable tremplin pour sa carrière à l’international ; et c’est en tant que poète et musicien que Saul Williams fait des tournées et donne des conférences un peu partout dans le monde, dans de nombreuses universités notamment.
Il a rencontré Anisia Uzeyman, aujourd’hui son épouse, en interprétant en 2013, à Dakar le film Tey (Aujourd’hui) d’Alain Gomis, dans lequel elle jouait également.
Neptune Frost est son premier long métrage en tant que réalisateur.
Nejib Belkadhi, né le 13 mai 1972 à Tunis, est un acteur et réalisateur tunisien.
Il poursuit des études en gestion et marketing à l’Institut des Hautes Études Commerciales de Carthage avant de faire ses premiers pas au cinéma et au théâtre comme acteur.
Il se fait connaître du grand public grâce à son rôle de jeune premier dans le feuilleton à succès Khottab El Bab de Slaheddine Essid entre 1997 et 1998.
Il débute dans la réalisation pour Canal + Horizons, en 1998, dans un magazine de court format couvrant les Journées cinématographiques de Carthage. Dans la foulée, il propose le concept de ce qui va devenir le plus grand succès de la chaîne : l’émission culte Chams Alik, un magazine satirique.
En 2002, il fonde Propaganda Production avec son ami Imed Marzouk.
VHS Kahloucha, long métrage documentaire produit en 2006, connaît un succès international dans de grands festivals : il est présenté la première fois au festival de Cannes dans la section « Tous les cinémas du monde » Il participera à plus de 50 festivals et récoltera 7 prix dans divers festivals.
En 2013, son premier long métrage de fiction « Bastardo« était présenté en première mondiale au « Toronto International Film Festival » et sélectionné en compétition au CINEMED à Montpellier en 2014. le film récoltera au total 11 prix.
En 2018, il sort son deuxième long métrage de fiction fiction « Regarde-moi« , qui sera sélectionné au « Toronto International Film Festival » et dans plus d’une vingtaine de festivals internationaux.
« Communion » est son troisième long métrage . Il a remporté le Prix du meilleur film au New York City International Film Festival (NYCIFF) et le Grand Prix du Nil au Festival du Film africain de Louxor en mars 2022.
« Djibril Diop Mambety nous a laissé pour tout bagage un héritage : l’exigence. Exigence, devoir de mémoire, mémoire vive, mémoire critique. Un passeur d’espoir, un passeur delumière. » Catherine Ruelle, 1998.
« Pour faire du cinéma, il faut fermer les yeux. Les fermer et les refermer jusqu’à se faire mal à la tête. On voit des lumières en soi dans l’obscurité, (…) des points de lumière qui sont autant de personnages de la vie. On ouvre alors les yeux, on invente une histoire, c’est-à-dire la réminiscence d’un rêve et on écrit le scénario. (…) J’ai fait du cinéma en fermant les yeux pour les ouvrir sur la forme et la clarté de mes rêves. Je pense que le cinéma africain a une révolution à faire : il nous faut participer à la réinvention mondiale du cinéma et c’est en proposant des formes nouvelles que nous y arriverons. » Itw. Théogène Karabayinga, RFI, 1992.
Cinéaste emblématique des années 70, Djibril Diop Mambety a marqué les cinémas d’Afrique avec des œuvres puissantes mais seulement deux longs-métrages, Touki Bouki en 1972 et Hyènes en 1992. Acteur, réalisateur, scénariste et producteur sénégalais, né en janvier 1945 à Dakar (Sénégal), il décède le jeudi 23 juillet 1998 à Paris (France) à l’âge de 53 ans. Acteur au Théâtre National Sorano (Dakar), puis dans des films sénégalais et italiens (dont Le Décaméron Noir de Piero Vivarelli, 1972), il se lance dans la réalisation en 1965, avec Badou Boy (plusieurs versions, dont celle de 1970, Tanit d’or à Carthage), Contras City (1966) remarqué au Festival mondial des arts nègres de Dakar, puis Touki Bouki (1973), son premier long-métrage présenté à la Quinzaine des réalisateurs, Cannes 1973. À l’aide d’images symboliques et d’une bande-son puissante, il dresse de son pays et de ses rapports avec l’ex-puissance coloniale un constat à la poésie amère. 20 ans de silence et d’errance et il revient avec Parlons grand-mère (1989), lemaking of de Yaaba commandé par Idrissa Ouedraogo. Son 2e long-métrage est une adaptation de la pièce La Visite de la vieille dame de Friedrich Dürrenmatt (Suisse) : Hyènes (Ramatou) (1992), en compétition à Cannes. Une nouvelle allégorie de la corruption à l’œuvre dans la société africaine. Il enchaîne avec deux moyens-métrages d’une trilogie qui restera inachevée, « Histoires de petites gens » : Le Franc (1994) et La Petite Vendeuse de Soleil (1999). Il décédera pendant le montage du film, terminé par son frère Wasis Diop.