Mehdi et Hamid travaillent pour une agence de recouvrement à Casablanca. Les deux pieds nickelés arpentent des villages perdus du grand Sud marocain pour soutirer de l’argent à des familles surendettées… Un jour, dans une station essence plantée au milieu du désert, une moto se gare devant eux. Un homme est menotté au porte-bagage, menaçant.
Film en sélection à la Quinzaine des Cinéastes, Cannes 2023
L’écriture a souvent recours aux ellipses…
« J’aime laisser des trous, car ça laisse la possibilité au spectateur de faire fonctionner son imagination. Pour la séquence finale, j’ai ainsi tenu à rester dans l’absence de réponse. Il y a deux ruptures et points de bascule dans le film. L’arrivée de l’évadé, qui entre dans le cadre à contresens, change la donne, dans le récit comme dans la mise en scène… Elle est née de mon désir de western. Puis, une séquence plus formelle, improvisée au tournage, où la voiture roule dans la poussière et disparaît dans cette matière brumeuse dont sont faits les songes. Donner des lettres de noblesse à des plans considérés par la grammaire cinématographique dominante comme des plans de coupe banals, c’est mon engagement formel et esthétique qui rejoint l’engagement politique du film. De la première à la seconde partie du film, on s’éloigne petit à petit du bruit du monde… »
Entretien de Faouzi Bensaïdi par Xavier Leherpeur
Banel et Adama s’aiment et vivent dans un village éloigné au nord du Sénégal. Du monde, ils ne connaissent que ça, en dehors rien n’existe. Mais l’amour absolu qui les unit va se heurter aux conventions de la communauté. Car là où ils vivent, il n’y a pas de place pour les passions, et encore moins pour le chaos.
Sélection officielle Cannes 2023
« Seul premier long-métrage en compétition officielle à Cannes cette année, Banel et Adama, de Ramata-Toulaye Sy, mêle le conte et la tragédie, pari risqué qui court mille fois le péril de la joliesse et du dialogue appliqué (ah là là, c’est compliqué d’invoquer légèrement le destin) mais le déjoue, parfois in extremis, grâce à un personnage féminin dont la grâce cache à la fois un secret dévorant et une force insoupçonnable. Il en faut quand on prétend s’opposer à la famille, aux traditions, à la répartition genrée des tâches. Avec Adama, qui a décliné le rôle de chef lui revenant de droit, ils projettent de s’installer à l’orée du village, dans une maison ancienne ensevelie sous le sable. Mais à mesure qu’ils l’exhument, la sécheresse frappe, les bêtes meurent, et bientôt les gens… Tourné en langue peule, avec des acteurs non professionnels, dans la région rurale du Fouta, le film, sans doute un peu fragile pour la bataille cannoise, surprend dès lors qu’il semble dérailler. Quand Banel, que l’on croyait inquiète, devient inquiétante et dégomme un oiseau perché sur une branche. Ou se met à dézinguer des lézards au lance-pierre, avant de les jeter au feu. Au temps pour la bluette parfumée au féminisme, le danger rôde et il s’appelle amour fou. »
Marie Sauvion, Télérama
Koffi revient à Lubumbashi, sa ville natale, pour présenter à sa famille sa compagne belge, enceinte de jumeaux. Le couple est mal accueilli et Koffi ressent l’emprise des superstitions ancestrales sur la vie de tous les jours. Koffi et Alice vont croiser le destin de trois autres personnages, considérés comme sorcières et sorciers par la communauté, dans un Congo onirique. Seule l’entraide et la réconciliation leur permettront d’échapper à la malédiction.
À travers ce premier long-métrage audacieux, Baloji, artiste pluridisciplinaire, explore les thématiques de la superstition, de la tradition et des relations familiales, offrant un aperçu des défis auxquels les personnages sont confrontés. Dans un contexte où le cinéma africain gagne en visibilité et en reconnaissance internationale, Augure représente une contribution importante à ce mouvement. Le film met en lumière les talents émergents de Baloji en tant que réalisateur et scénariste, ainsi que les performances de Marc Zinga et Lucie Debay qui apportent leur talent, de la profondeur et de l’émotion à cette histoire complexe et poignante. En créant un univers riche et immersif, Augure a le potentiel de captiver les spectateurs et de susciter des discussions autour des thèmes abordés.
Julie M., sortiraparis.com