Eldorado : Vendredi 20 - 21 h
Estran : Samedi 21 - 21 h

Le cinéaste revient – 30 ans après son premier film Xime (1994) – sur la guerre de libération en Guinée-Bissau en tissant fiction moderne et archives de l’époque.

1969. Une guerre violente oppose l’armée coloniale portugaise aux guérilleros du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC). Nome quitte son village et rejoint le maquis. Après des années de guerre, il rentrera en héros. Mais la liesse laissera bientôt la place à l’amertume et au cynisme.

« L’enfant a les yeux plantés dans les nôtres. Au-dessus de sa tête planent de menaçants vautours. À ses pieds, son père mort. Derrière lui, un village qui le regarde en silence. Ici, on mesure le temps en fonction du ciel, un “ciel deux ans plus jeune quand la guerre a commencé”. Dès sa première séquence, la puissance de Nome bouscule. C’est avec un mélange de grande beauté et d’inquiétude que Sana Na N’Hada reconstitue, trente ans plus tard, l’épopée d’une guerre d’indépendance qu’il a lui-même traversée. Dans la fiction on retrouve des images d’archives filmées par le jeune réalisateur et par Flora Gomes.

Les temporalités se mêlent : entre les rêves de l’enfance, l’aventure glorieuse du guérillero puis les ambigüités de ses héros, que reste-il de la Révolution ? Le film émerveille par sa croyance dans les pouvoirs du cinéma à ouvrir de nouveaux mondes. “La Guinée est-elle prête pour tant de bonheur ?” Cette question que pose dans le film un esprit, seule entité capable d’apparaître dans toutes les époques de cette fresque historique, restera en suspens. Nome est un film palimpseste dont chaque strate renvoie à un moment de la vie de ses héros, de la Guinée-Bissau et du merveilleux Sana Na N’Hada. »

Catalogue de l’ACID Cannes 2023