Il nous a quittés le 19 février 2025 à 84 ans. Cinéaste de grand talent et ami proche, il était venu en famille présenter une rétrospective de ses films en 2014. Il fut le premier cinéaste d’Afrique sub-saharienne récompensé d’un Prix du jury en 1987 au festival de Cannes, avec Yeelen, la lumière. Tout un symbole !
Le cinéma, l’histoire de sa vie.
Depuis son premier court-métrage, 5 jours d’une vie, Souleymane Cissé fut l’un des grands cinéastes du continent africain à parler ouvertement et frontalement de politique et de changements sociétaux. Dès 1975, il traite de la violence faite aux femmes et de leurs voix réduites au silence dans Den Muso, la jeune fille. Il met en exergue les relations du monde ouvrier et du patronat dans Baara (1978), ou met en scène la révolte des étudiants contre le pouvoir militaire en place dans Le Vent (1982) ; avec Waati (1995), il propose une fresque sur l’apartheid, dans Min Yé, il aborde la polygamie et dans son ultime long-métrage, O Ka (2017), traite des problèmes fonciers qui minent le Mali.
Yeelen restera comme son film le plus emblématique, à la fois récit initiatique et quête du pouvoir ; l’histoire du difficile passage à l’âge adulte. Un symbole là encore !
Souleymane avait créé en 1997 l’UCECAO (Union des créateurs et entrepreneurs du cinéma et de l’audio-visuel en Afrique de l’Ouest) pour mieux défendre la diffusion des films. Et d’ailleurs, quelques heures seulement avant son décès, lors d’une ultime conférence de presse pré-Fespaco dont il devait être président du jury, ses derniers mots soulignaient l’urgence de la diffusion des films africains sur le continent.
« Il ne suffit pas de faire des films, il faut aussi que les œuvres soient visibles. Que les autorités nous aident en construisant des salles de cinéma. C’est l’appel que je leur lance avant ma mort, si Dieu le veut. »