Le portrait d’une couturière de Douala, inspirée par l’histoire de la cousine de la réalisatrice et incarnée par cette dernière. Dans son petit atelier, Pierrette travaille sans relâche pour nourrir sa famille. Sous la pluie incessante, dans une maison régulièrement inondée, la mère courage se débat, à tout instant, pour ne pas sombrer. Sa couture lui rapporte une misère, sa machine à coudre se grippe, une agression nocturne la déleste de son argent, la rentrée scolaire se profile à l’horizon. Tout déborde dans une existence où il faut – au sens propre – écoper tous les jours les problèmes de la veille, et composer avec la communauté.
« Après quatre documentaires, c’est le premier film de fiction de la cinéaste camerounaise Rosine Mbakam. Mais elle connaît intimement la réalité qu’elle met en scène. « C’est ma mère, ce sont mes tantes », dit-elle. « Mambar Pierrette, le personnage principal, c’est ma cousine », glisse-t-elle. « Le film est inspiré de sa propre vie, j’ai eu envie de faire du cinéma en regardant des gens et avec Mambar Pierrette, je voulais mettre ces gens au centre du cinéma » ».
Âgée de 44 ans, Mambar Pierrette espère que sa combativité inspirera d’autres femmes. « Ce film permet d’encourager d’autres femmes, ne pas attendre trop de leur mari ou du père de leur enfant, aussi d’être battante. La femme peut tout faire », lance l’intéressée. Et tourner dans ce film l’a beaucoup aidée. « J’ai pu prendre une boutique au bord de la route et j’ai aussi changé de machine, j’ai acheté aussi les grosses machines industrielles, ça, c’est grâce au tournage », raconte-t-elle. Quelquefois le cinéma peut vraiment changer la vie. »
Sophie Torlotin, RFI