Silhouette longue et fine, un éternel couvre-chef sur la tête, Moussa Sène Absa est un artiste passionné et engagé. Le cinéaste a une œuvre très importante – courts-métrages, longs-métrages, documentaires ou fictions – à travers laquelle il se penche sur les conditions de vie et les problèmes sociaux au Sénégal.
Par ailleurs, son talent de peintre est reconnu et ses œuvres sont régulièrement exposées au Sénégal, en Europe ou en Amérique.
Artiste aux multiples facettes, peintre, écrivain, musicien, acteur, metteur en scène de théâtre, Moussa Sène Absa est né en 1958 à Tableau Ferraille, une banlieue de Dakar.
Il débute sur les planches comme acteur puis passe à la mise en scène de théâtre avec la pièce La légende de Ruba dont il est également l’auteur.
Il aborde le cinéma par le biais du scénario avec Les enfants de Dieu, puis Le Prix du Mensonge, sa première réalisation en 1988 (Tanit d’argent aux JCC – Carthage).
En 1991, il réalise un long-métrage, Ken Bugul, puis plusieurs courts-métrages en 1992 : Jaaraama, Set setal, Entre vos mains.
L’année suivante, il réalise le long-métrage Ça Twiste à Popenguine, un film très moderne sur des bandes de jeunes, qui assoit sa renommée à l’international.
En 1994, il signe Yalla Yaana puis, en 1996, Tableau Ferraille, long-métrage en 35mm qui remporte plusieurs prix dont celui de la meilleure photo au FESPACO 97. Le film raconte les désillusions de la vie politique à travers l’histoire d’un personnage qui gravit les échelons du pouvoir et qui se perd en route.
Il réalise ensuite les documentaires Jëf-Jël (1998) et Blues pour une diva (1999).
En 2002, il tourne Madame Brouette, film en “hommage aux femmes”, deuxième film d’une trilogie entamée avec Tableau Ferraille qu’il terminera avec son dernier film, Xalé.
Moussa Sène Absa tourne encore quelques films au Sénégal avant de s’exiler à la Barbade, dans la mer des Caraïbes; il y est professeur à l’université West Indies, en charge du département cinéma. En 2010, il y tourne Yoolé, documentaire poignant sur la dérive d’une pirogue partie du Sénégal jusqu’aux côtes de la Barbade.
À son retour au Sénégal, il travaille sur une série télévisée puis revient au cinéma en 2022 avec Xalé. Dans ce film, la musique et les chants sont omniprésents. Le chanteur intervient à la manière des griots ou d’un chœur antique. Il est là pour nous rappeler de manière incantatoire que le destin d’un individu est souvent le fruit de son passé.
Pour Moussa Sène Absa, faire des films « est une question d’urgence ; il est vital de se confronter aux réels problèmes de notre société, et le cinéma est un médium important qui peut nous aider à comprendre et à résoudre les problèmes de notre continent ».
Un engagement bien réel, qui se manifeste également par ses prises de position publiques. Moussa Sène Absa n’hésite pas à intervenir sans langue de bois pour évoquer la crise du cinéma ou la situation politique de son pays.
Filmographie
1988 : Le Prix du mensonge
1990 : Ken Bugul
1991 : Entre nos mains ;
Jaaraama ;
Set Setal
1992 : Moolan
1993 : Offrande à Mame Njare
1994 : Ça twiste à Popenguine ;
Yalla yaana
1996 : Tableau ferraille
1998 : Jëf Jël
2001-2003 : Góor-góorlu
1999 : Blues pour une diva
2001 : Ainsi meurent les anges
2003 : Madame Brouette
2004 : Ngoyaan, le chant de la séduction
2006 : Téranga Blues
2010 : Yoolé
2020 : Black and White (série télévisée)
2023 : Xalé, les blessures de l’enfance