La 12° édition de Visions d’Afrique a eu lieu comme prévu du mercredi 20 octobre au mardi 26 octobre. Elle a permis de présenter 19 longs métrages et de réaliser 46 séances si l’on prend en compte les séances scolaires (7).
Le festival 2021 a fait suite à une édition 2020 qui s’était déroulée dans un contexte marqué par l’épidémie de Covid 19 qui avait imposé des ajustements de la programmation et provoqué une nette réduction du niveau de la fréquentation de l’ordre de 25% (1559 spectateurs en 2020 contre 2070 en 2019).
Ferait-on mieux en 2021 qu’en 2020 ? Retrouverait-on pour cette 12° édition dans une conjoncture plus favorable les niveaux atteints en 2019 ? Le bilan serait-il au total positif ?
Les résultats de cette ‘édition 2021 ont à l’évidence renoué avec la dynamique enregistrée en 2018//2019, même si la fréquentation est demeuré légèrement en deçà des chiffres records enregistrés en 2019.
Le bilan peut donc être qualifié de nettement positif, d’autant que ce même dynamisme s’est manifesté dans le volets scolaire et dans la séquence littéraire et que la programmation cinématographique et sa mise en oeuvre ont suscité le vif intérêt des spectateurs et leur active participation.
I Une fréquentation des salles en nette reprise
2020 (11° édition) avait été marquée par un recul de la fréquentation de 25%. Le niveau atteint au cours de cette 12° édition s’est amélioré tout en demeurant cependant , de manière globale, inférieur au niveau record de 2019.
La fréquentation a progressé de 9,4% entre 2020 et 2021: elle a dépassé les 1700 entrées mais est resté en deçà des chiffres relevés e n 2019 (+ de 2000). Une reprise mais limitée.
Inégalable aussi : faible à l’Estran (+14) où le nombre des spectateurs est demeuré inférieur à celui des années 2018/2019, plus forte à l’Eldorado où le niveau a nettement progressé ( 1427 spectateurs contre 1294 en 2018).
Ce contraste affecte également les résultats en ce qui concerne le nombre de spectateurs par séance. A l’estran ce ratio avait fortement progressé (+ de 30) , il est retombé à 20… ratio obtenu dans les années 2014/2016. En revanche le ratio relevé à l’Eldorado en 2021, 57, n’est que très légèrement inférieur à celui de 2019 (le plus fort enregistré).
En bref la reprise a eu lieu mais elle a été beaucoup plus nette à Saint-Pierre d’Oléron qu’à Marennes.
A noter que cette reprise a également été enregistrée dans les volets scolaire et littéraire et que globalement la participation au festival s’est établie à 3043 « participants ». (contre 2803 en 2019)
On peut évidemment espéré que la réaction du public de l’Estran n’a été que différé et qu’il sera possible de retrouver le niveau de fréquentation de 2019 lors de la 13° édition en 2022.
II Une bonne cuvée cinématographique bien accueillie
On avait pu craindre, en rapport avec la crise sanitaire, une baisse de qualité des films présentés. Ce ne fut pas le cas et les participants ont unanimement exprimé leur intérêt devant la sélection 2021.
Bien entendu, comme d’habitude, les films des cinéastes présents et le film-hommage (à Moufida Tatli) ont été très bien accueillis. Ce fut le cas en premier lieu des films de Merzak Allouache, notamment de Madame Courage, de Bab El Oued City et de Harragas.
Toutes les séances avec Merzak Allouache ont donné lieu à des échanges fournis et passionnants tant sur les films que sur l’Algérie et les situations décrites. Les spectateurs ont exprimé leur grande satisfaction de cette rencontre avec le cinéaste algérien.
Il en a été de même lors des projections du film sud-africain La caméra de bois présenté par Olivier Delahaye, auteur d’une novélisation à partir du scénario. La projection a aussi provoqué des discussions passionnées. Ces débats ont aussi permis d’aborder la question des rapports entre cinéma et littérature , avec la participation de Catherine Ruelle et du critique littéraire Bernard Magnier. La présence d’Olivier Delahaye a bien entendu largement contribué à la réussite des séances.
La projection du film de Moufida Tatli Les silences du palais a été un succès, un moment fort de cette session, en permettant aux spectateurs du festival de voir l’un des grands films du cinéma du Maghreb.
Il faut par ailleurs relever que d’autres films ont largement trouvé leur public et fait pratiquement jeu égal , en termes de fréquentation, avec les films cités ci-dessus . La grande qualité des films sélectionnés ou couronnés dans les festivals en 2020 et 2021 est évidemment en cause ainsi que la diversité des sujets abordés et des approches retenues. Il faut évidemment citer les films de Nabil Ayouch (Haut et fort), de Leila Bouzid (Une histoire d’amour et de désir), de Philipe Lacôte (La nuit des rois) , de Mahamat Saleh Haroun (Lingui) et de Mamadou Dia (Le père de Nafi).
Il faut citer également le documentaire de Dieudo Hamadi (En route pour le milliard) qui a pu dialogué par visioconférence avec un public qui a été séduit par le travail du cinéaste congolais.
Au total les spectateurs ont exprimé de nettes préférences mais celles-si ont été cette année moins arquées.
Ajoutons que la reprise s’est aussi manifestée de manière éloquente avec le succès des deux soirées Musique/Cinéma, en particulier la soirée organisée à l’Eldorado avec la service culturel de la municipalité de Saint-Pierre qui a réunie près de 250 spectateurs. Les concours accordées par la municipalité de Marennes ont permis la mise en ouvre d’un concert de grande qualité (Mussa Molo).
Bonne cuvée donc, nettement en rapport avec l’émergence et les succès de nombreux films africains dans les sélections aux grands festivals internationaux (Cannes, Angoulême, Venise.,Berlin , Fespaco ). En rapport aussi avec la qualité de l’animation et des échanges orchestrés par Catherne Ruelle et , cette année, par les interventions du cinéaste et critique congolais David-Pierre Fila.
III Un bilan scolaire satisfaisant
Le bilan du volet scolaire 2021 peut être considéré comme satisfaisant.
Les établissements et les enseignants (et l’Inspection Académique) ont répondu très positivement aux propositions qui leur avaient été faites .Pour l’essentiel, les deux films proposés, le film d’animation ivoirien Soundiata Keita pour le primaire et La caméra de bois pour les collégiens, ont été appréciés.
La session a concerné 13 établissements scolaires don 4 collèges et deux lycées. (Rochefort et Royan). La séquence organisée au lycée Merleau Ponty de Rochefort s’est déroulée dans d’excellentes conditions, en présence de Merzak Allouche qui a échangé avec les classes « cinéma » à propos de son film Bab El Oued.
Les séances ont été animées par Olivier Delahaye pour les collèges et par David-Pierre Fila pour les classes du primaire. Cet accompagnement a contribué à l’évidence à la réussite de ces projections.
Le programme a rassemblé au total 853 élèves dont 52,2% pour les collégiens. Ces résultats sont proches de ceux enregistrés en 2020…et supérieurs à ceux de 2019…
Le volet scolaire est porteur d’avenir. Il pourrait être élargi sans difficultés mais cet éventuel développement se heurte à l’obstacle financier que constitue le coût des transports des élèves (ce coût s’est établi au total à 1846 euros).
IV Un volet littéraire en net développement
Le volet littéraire a élargi de nouveau cette année son champ d’intervention avec la participation de 6 partenaires, 3 médiathèques (Marennes, Saint-Pierre et Saint-Georges) et trois collèges, un de plus que l’an dernier (Collège de Saint-Agnant qui a rejoint Marennes et Le Château). Par ailleurs, comme l’an passé, plusieurs structures ont mis en oeuvre les deux rencontres : ce fut le cas du collège du Château et des trois médiathèques.
Ce qui s’est traduit par une progression du public qui a rassemblé 485 participants dont 435 pour le Jeune Public. Cette participation aurait pu être plus forte du côté des scolaires s’il avait été possible de donner satisfaction à toutes les demandes. En bref ce volet rencontre une adhésion croissante du public, notamment des établissements scolaires mais les moyens financiers impartis à Visions d’Afrique ne permettent pas d’aller au delà des développements actuels.
Ce « succès » auprès des médiathèques et des établissements scolaires (pour les classes primaire les rencontres ont lieu dans les médiathèques alors que pour les collèges elles ont lieu dans les établissements) ne s’est pas démenti en 2021 en raison notamment de la grande qualité des intervenants, le romancier congolais Wilfried N’Sondé et l’illustratrice tunisienne Chadia Loueslati, dont les prestations ont été unanimement louées. De la présence aussi du critique Bernard Magnier qui anime avec talent les rencontres dans les médiathèques et la rencontre finale avec les deux invités qui rassemble un nombre croissant de participants.
Ce bilan très positif dit toutefois être nuancé: il reste difficile de mobiliser le public adulte dont la progression est lente, peu favorisée à l’évidence par la conjoncture. Le cas de Marennes où le public adulte se mobilise plus facilement met en évidence la nécessité de poursuivre les efforts et, sans doute, de renforcer la campagne de communication en 2022.
Conclusion
La 12° édition n’a pas atteint le niveau de fréquentation observé en 2019 mais a, avec netteté , dépassé le niveau de l’année 2020 pénalisée par les effets de la conjoncture sanitaire.
Cette nette reprise, notamment à Saint-Pierre d’Oléron , atteste que Visions d’Afrique a rapidement retrouvé son dynamisme et devrait , dès 2022, reprendre sa progression.
Parmi les facteurs qui ont permis ce rapide sursaut , il faut relever la fidélité d’un public qui a retrouvé vite le chemin des salles, la forte mobilisation des bénévoles qui ont tout mis en œuvre pour favoriser la réussite de cette session et enfin le ferme soutien des collectivités locales et de l’État.
Dans ce contexte, c’est avec une certaine sérénité que les associations organisatrices de Visions d’Afrique abordent les travaux préparatoires de la 13° édition qui aura lieu du 19 au 25 octobre 2022 et devrait confirmer le fort ancrage de Visions d’Afrique dans le pays Marennes Oléron.