Asmae El Moudir

Réalisatrice, scénariste et productrice marocaine, Asmae El Moudir vit entre Paris et Rabat. Titulaire d’un master en production de l’Institut supérieur de l’information et de la communication de Rabat, elle a étudié à la FEMIS à Paris. Passionnée par son pays, la mémoire et le souvenir, Asmae a réalisé plusieurs courts-métrages documentaires, présentés et distingués dans les plus grands festivals du monde. En 2020, elle réalise un moyen-métrage, The Postcard. La Mère de tous les mensonges est son premier long-métrage. 

Luck Razanajaona

Luck Razanajaona, né en 1985, est un cinéaste malgache diplômé de l’École des arts visuels de Marrakech en 2011. Il a participé à des « ateliers » prestigieux tels que The Berlinale Talent Campus, The Rotterdam Lab et La Fabrique des Cinémas du Monde à Cannes. Ses courts-métrages, Le Zébu de Dadilahy (2013), Madame Esther (2015), Faritra (2021) ont été sélectionnés et primés dans de nombreux festivals à travers le monde, dont le Fespaco. Disco Afrika est son premier long-métrage.

Mohamed Zinet

Né dans la casbah d’Alger le 16 janvier 1932, Mohamed Zinet rejoint l’Armée nationale de libération pendant la guerre. Blessé, il est envoyé en Tunisie, où il intègre la troupe de théâtre du FLN. Il a fait partie du Théâtre national algérien. Au cinéma, il a été l’assistant de Gillo Pontecorvo pour la Bataille d’Alger en 1965.  Acteur dans de nombreux films français, dont Trois cousins (R. Vautier, 1970) Dupont Lajoie (Y. Boisset, 1975), il doit son seul premier rôle à Daniel Moosmann, dans Le Bougnoul en 1975. Tahia Ya Didou est son unique film de cinéaste.

UNE ÉTOILE FILANTE MOHAMED ZINE

Tahia Ya Didou de Zinet, le premier film urbain. 

« Si, comme je le pense, le sujet principal du cinéma est le temps et la mémoire, alors Tahia Ya Didou est un objet parfait de cinéma. Et de nostalgie. Avant de le voir, nous savions déjà que c’était un film précieux. Parce que c’était Zinet. À 9 ans, Zinet est monté sur les planches; acteur, poussé par la Guerre d’Algérie, il alla à travers le monde. 1962 le trouvera en Scandinavie dans le rôle d’Amédée de Ionesco. En 1963, il présentera au public d’Alger sa pièce Tibelkachoutine. En 1964, il est assistant sur la Bataille d’Alger de Pontecorvo. Il est aussi journaliste, humoriste, dessinateur, mais ce qu’il y a de plus important pour le cinéma et pour nous dans les bagages du petit homme de la Casbah, c’est la liberté. Cette liberté que nous ne connaissions pas, nous les Enfants de l’Algérie pétris par les grandes causes nationales. Zinet vivait sa liberté d’homme, aussi difficile soit-elle. Cette liberté fit de lui un paria dans la société de la Révolution nationaliste et socialiste, souterrainement islamiste. On le retrouva mort sur un trottoir, un matin gris à Paris. Il me disait, « Tous ceux que je rencontre veulent m’offrir à boire, personne ne m’offre à manger. » Qu’elle est triste la Révolution quand elle laisse mourir ses poètes, et qu’elle empêche ses femmes de danser ! 

Wassyla Tamzali

Publié en mai 2013 dans Le Quotidien d’Oran (puis dans les Temps Modernes).

Mohammed Latrèche

Mohammed Latrèche vit et travaille entre la France et l’Algérie. Né à Sidi-Bel-Abbès en 1973, il étudie les Sciences politiques à Paris, à 20 ans. Avec Sora Films, il a produit de nombreux courts, dont Cousines de Lyes Salem (César 2004) et il distribue en Algérie des longs-métrages étrangers (Les Poupées russes de Cédric Klapisch, Million Dollar Baby de Clint Eastwood, ou Volver de Pedro Almodovar…). Il a réalisé Rumeurs, etc. (2003), À la recherche de l’Emir Abd El-Kader (2004), Boudjemâa et la maison cinéma (2019) et Zinet, Alger, le bonheur.

Osvalde Lewat

Photographe, écrivaine, cinéaste, native de Garoua au Cameroun, Osvalde Lewat étudie le journalisme à l’ESSTIC de Yaoundé puis à Sciences Po Paris. Après des débuts de journaliste, elle se tourne très vite vers le cinéma (FEMIS-Paris et INIS-Montréal) et réalise Le calumet de l’espoir sur des Amérindiens (2000), Au delà de la peine, portrait d’un prisonnier injustement incarcéré au Cameroun (2003), Un Amour pendant la guerre sur la situation des femmes violées pendant les conflits (2005), Une affaire de Nègres, autour des exactions d’une unité paramilitaire de la police à Douala (2007). 

Dans le même temps, elle expose ses photographies de par le monde et écrit un roman Les Aquatiques en 2021.

En 2021, elle publie son premier roman, Les Aquatiques, aux éditions Les Escales.  Elle y raconte l’histoire de Katmé, une femme d’une trentaine d’années, enseignante, mariée à un homme de pouvoir, dont la vie bascule le jour où son meilleur ami est emprisonné par les autorités du Zambuena, le pays (fictif) d’Afrique subsaharienne où ils vivent. Elle décide alors de se battre pour le faire libérer. Son premier adversaire sera son mari, membre du parti au pouvoir. Elle trouvera sur sa route un adversaire encore plus inattendu, elle-même, élevée à l’ombre du patriarcat et de la masculinité, pour accepter d’être « une vraie femme ». 

Osvalde Lewat ira à la rencontre des auditeurs adultes dans les médiathèques.

Grand Prix Panafricain de Littérature 2022, du Prix Kourouma 2022 et du Prix du rayonnement de la langue et de la littérature françaises 2022.

Leïla Kilani

Diplômée de l’EHESS, Leïla Kilani commence sa carrière comme journaliste et réalise à 22 ans, en 2002, son premier documentaire, Tanger, rêve de brûleurs, sur de jeunes candidats à l’émigration ; puis Nos lieux interdits en 2008, autour des prisons des années 1970, sous le règne de Hassan II. Son premier film de fiction, Sur la planche (2011), raconte la lutte de quatre jeunes ouvrières de vingt ans pour sortir de leur condition. Le film est présenté au Festival de Cannes 2011 et à Visions d’Afrique 2012. Plus d’une décennie après son premier long-métrage de fiction, Leïla Kilani est de retour avec Indivision, un film qui nous plonge au cœur d’une démarche expérimentale audacieuse.

Interview de Leïla Kilani, (dossier de presse du film)

J’ai grandi dans une famille tangéroise où les codes de la bourgeoisie de province se cognaient à la fureur de vivre. Une famille tanjaouia accrochée à ses traditions  qui vit à la fois dans l’urgence de l’écroulement annoncé et dans l’espoir vague qu’elle lui subsistera. (…) Je voulais faire un film sur une famille. Sur les oiseaux. Sur des adolescentes. (…) J’aime la cruauté et la tendresse de cet âge. On s’y pose des questions qu’on évitera soigneusement plus tard. Le personnage de Lina est assez complexe : mutique, écrivant des mots clés et des questions sur tout son corps, c’est une adolescente guerrière, un personnage très paradoxal. Elle croit fermement qu’elle va devenir une super-héroïne. Mais à la fin, elle trahit sa propre famille. (…) Quand il s’agit d’héritage, la famille est un enfer. Jeune adulte, mes oreilles ont saturé de cette rengaine usée : héritage, legs, indivision. La même vieille histoire où se mêlent attachement irrationnel à un bien et cupidité crapuleuse, affection sincère et fausse solidarité, intimité et magouilles… L’argent, le cash, le pognon. L’héritage de la propriété est l’une des plus grandes escroqueries jamais inventées. 

L’une des principales questions qu’explore le film est de savoir à qui appartient la terre ?

Lina et Anis ont un lien fusionnel avec la nature et la grand-mère veut vendre la propriété. Le père pense que la terre n’appartient à personne, juste à elle-même. La famille est ébranlée dans ses fondations. Lui est considéré comme fou. Pour moi, c’est un nouveau type de héros, très transgressif, d’une manière extrêmement douce, sans bombe, sans armes, sans grand discours idéologique. Il est juste cohérent avec ce en quoi il croit. Il s’engage pour la nature, de manière extrêmement excitante. Lui et sa fille ont leur savoir-être au monde. Ils inventent un langage pour communiquer avec la nature… même s’ils ne communiquent pas très bien avec le monde extérieur.”

Djibril Diop Mambety

« Djibril Diop Mambety nous a laissé pour tout bagage un héritage : l’exigence. Exigence, devoir de mémoire, mémoire vive, mémoire critique. Un passeur d’espoir, un passeur de lumière. »
Catherine Ruelle, 1998.

« Pour faire du cinéma, il faut fermer les yeux. Les fermer et les refermer jusqu’à se faire mal à la tête. On voit des lumières en soi dans l’obscurité, (…) des points de lumière qui sont autant de personnages de la vie. On ouvre alors les yeux, on invente une histoire, c’est-à-dire la réminiscence d’un rêve et on écrit le scénario. (…) J’ai fait du cinéma en fermant les yeux pour les ouvrir sur la forme et la clarté de mes rêves. Je pense que le cinéma africain a une révolution à faire : il nous faut participer à la réinvention mondiale du cinéma et c’est en proposant des formes nouvelles que nous y arriverons. »  Itw. Théogène Karabayinga, RFI, 1992.

Cinéaste emblématique des années 70, Djibril Diop Mambety a marqué les cinémas d’Afrique avec des œuvres puissantes mais seulement deux longs-métrages, Touki Bouki en 1972 et Hyènes en 1992. Acteur, réalisateur, scénariste et producteur sénégalais, né en janvier 1945 à Dakar (Sénégal), il décède le jeudi 23 juillet 1998 à Paris (France) à l’âge de 53 ans. Acteur au Théâtre National Sorano (Dakar), puis dans des films sénégalais et italiens (dont Le Décaméron Noir de Piero Vivarelli, 1972), il se lance dans la réalisation en 1965, avec Badou Boy (plusieurs versions, dont celle de 1970, Tanit d’or à Carthage), Contras City (1966) remarqué au Festival mondial des arts nègres de Dakar, puis Touki Bouki (1973), son premier long-métrage présenté à la Quinzaine des réalisateurs, Cannes 1973. À l’aide d’images symboliques et d’une bande-son puissante, il dresse de son pays et de ses rapports avec l’ex-puissance coloniale un constat à la poésie amère. 20 ans de silence et d’errance et il revient avec Parlons grand-mère (1989), le making of de Yaaba commandé par Idrissa Ouedraogo. Son 2e long-métrage est une adaptation de la pièce La Visite de la vieille dame de Friedrich Dürrenmatt (Suisse) : Hyènes (Ramatou) (1992), en compétition à Cannes. Une nouvelle allégorie de la corruption à l’œuvre dans la société africaine. Il enchaîne avec deux moyens-métrages d’une trilogie qui restera inachevée, « Histoires de petites gens » : Le Franc (1994) et La Petite Vendeuse de Soleil (1999). Il décédera pendant le montage du film, terminé par son frère Wasis Diop.