Né dans la casbah d’Alger le 16 janvier 1932, Mohamed Zinet rejoint l’Armée nationale de libération pendant la guerre. Blessé, il est envoyé en Tunisie, où il intègre la troupe de théâtre du FLN. Il a fait partie du Théâtre national algérien. Au cinéma, il a été l’assistant de Gillo Pontecorvo pour la Bataille d’Alger en 1965.  Acteur dans de nombreux films français, dont Trois cousins (R. Vautier, 1970) Dupont Lajoie (Y. Boisset, 1975), il doit son seul premier rôle à Daniel Moosmann, dans Le Bougnoul en 1975. Tahia Ya Didou est son unique film de cinéaste.

UNE ÉTOILE FILANTE MOHAMED ZINE

Tahia Ya Didou de Zinet, le premier film urbain. 

« Si, comme je le pense, le sujet principal du cinéma est le temps et la mémoire, alors Tahia Ya Didou est un objet parfait de cinéma. Et de nostalgie. Avant de le voir, nous savions déjà que c’était un film précieux. Parce que c’était Zinet. À 9 ans, Zinet est monté sur les planches; acteur, poussé par la Guerre d’Algérie, il alla à travers le monde. 1962 le trouvera en Scandinavie dans le rôle d’Amédée de Ionesco. En 1963, il présentera au public d’Alger sa pièce Tibelkachoutine. En 1964, il est assistant sur la Bataille d’Alger de Pontecorvo. Il est aussi journaliste, humoriste, dessinateur, mais ce qu’il y a de plus important pour le cinéma et pour nous dans les bagages du petit homme de la Casbah, c’est la liberté. Cette liberté que nous ne connaissions pas, nous les Enfants de l’Algérie pétris par les grandes causes nationales. Zinet vivait sa liberté d’homme, aussi difficile soit-elle. Cette liberté fit de lui un paria dans la société de la Révolution nationaliste et socialiste, souterrainement islamiste. On le retrouva mort sur un trottoir, un matin gris à Paris. Il me disait, « Tous ceux que je rencontre veulent m’offrir à boire, personne ne m’offre à manger. » Qu’elle est triste la Révolution quand elle laisse mourir ses poètes, et qu’elle empêche ses femmes de danser ! 

Wassyla Tamzali

Publié en mai 2013 dans Le Quotidien d’Oran (puis dans les Temps Modernes).