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La Mansouria, une superbe propriété un peu décatie au milieu d’une forêt, sur les hauteurs de Tanger. Y vivent la grand-mère Amina et Chinwiya la petite « bonne », Lina et son père Anis, passionnés tous deux par les oiseaux qui occupent le domaine, mais aussi des squatters. C’est l’été. Amina décide d’organiser une noce et pousse sa famille à accepter une offre immobilière très avantageuse. Anis et Lina s’y opposent et Anis renonce même à son droit à la propriété pour faire donation de sa part aux oiseaux. Soudain le vent tourne ; un premier feu part des collines. Une pluie d’oiseaux s’abat sur la forêt…

Bande Annonce

Festivals et Prix

Festival du nouveau cinéma de Montréal (Prix de l’innovation) 2023. 
Festival du film arabe de Fameck 2023 (Grand Prix). 
Festival des cinémas d’Afrique à Apt 2023 (Prix du jury jeunes).

Au tout début du film, on pense à La Villa de Guédiguian pour la rupture de l’attachement à un lieu, à une maison de famille. On s’attend aussi à une fable écolo autour des oiseaux et puis le film vire au drame social et familial avec des personnages forts : Lina, adolescente muette et déterminée, communique aussi bien sur les réseaux qu’avec son propre corps ; Amina, la Maréchale, matriarche implacable d’une famille fortunée, veut imposer à ses proches sa puissance et son rêve de richesse, quitte à piétiner la vie de ses voisins «prolétaires». La fin surprend à l’issue d’un scénario sinueux… La multiplicité des langages utilisés intrigue, poétise, entre français, arabe, espagnol, messages griffonnés sur la peau, écrits rapides et vidéos poétiques sur les réseaux sociaux… 

Xavier Blanchard

Les mots écrits par l’adolescente sont d’autant plus vitaux sur les réseaux sociaux qu’elle est devenue mutique. Son regard devient la métaphore de toute une génération sensible à l’environnement, qui s’oppose aux générations enfermées dans des logiques prédatrices d’exploitation du monde naturel. Ses images (..) deviennent des poèmes visuels explorant une nouvelle voie qui répond à une révolte face à un sentiment d’injustice profond. Une réalisation aussi audacieuse qu’indépendante, filmée avec la complicité du chef opérateur qui se retrouve pleinement dans l’expérimentation visuelle, à la manière du Faces (1968) de John Cassavetes. 

Cédric Lépine, Mediapart

Interview de Leïla Kilani, (dossier de presse du film)

J’ai grandi dans une famille tangéroise où les codes de la bourgeoisie de province se cognaient à la fureur de vivre. Une famille tanjaouia accrochée à ses traditions  qui vit à la fois dans l’urgence de l’écroulement annoncé et dans l’espoir vague qu’elle lui subsistera. (…) Je voulais faire un film sur une famille. Sur les oiseaux. Sur des adolescentes. (…) J’aime la cruauté et la tendresse de cet âge. On s’y pose des questions qu’on évitera soigneusement plus tard. Le personnage de Lina est assez complexe : mutique, écrivant des mots clés et des questions sur tout son corps, c’est une adolescente guerrière, un personnage très paradoxal. Elle croit fermement qu’elle va devenir une super-héroïne. Mais à la fin, elle trahit sa propre famille. (…) Quand il s’agit d’héritage, la famille est un enfer. Jeune adulte, mes oreilles ont saturé de cette rengaine usée : héritage, legs, indivision. La même vieille histoire où se mêlent attachement irrationnel à un bien et cupidité crapuleuse, affection sincère et fausse solidarité, intimité et magouilles… L’argent, le cash, le pognon. L’héritage de la propriété est l’une des plus grandes escroqueries jamais inventées. 

L’une des principales questions qu’explore le film est de savoir à qui appartient la terre ?

Lina et Anis ont un lien fusionnel avec la nature et la grand-mère veut vendre la propriété. Le père pense que la terre n’appartient à personne, juste à elle-même. La famille est ébranlée dans ses fondations. Lui est considéré comme fou. Pour moi, c’est un nouveau type de héros, très transgressif, d’une manière extrêmement douce, sans bombe, sans armes, sans grand discours idéologique. Il est juste cohérent avec ce en quoi il croit. Il s’engage pour la nature, de manière extrêmement excitante. Lui et sa fille ont leur savoir-être au monde. Ils inventent un langage pour communiquer avec la nature… même s’ils ne communiquent pas très bien avec le monde extérieur.”